Lorsque les journaux américains publient leurs unes les 11 et 12 septembre 2001, c’est majoritairement une image d’explosion qui est choisie pour illustrer les attentats de New York. Au dessus de cette photographie du vol UA 175 s’écrasant contre la tour sud du World Trade Center la presse titre d’un simple mot : « Attacked », « Devastation », « Infamy », ou encore « ‘Evil’ ».
Incontestablement l’entrée des États-Unis dans le XXIe siècle se fait dans la brutalité et la douleur. À la télévision les images des attaques tournent en boucle. La tragédie éminemment visuelle des attentats se répète, bégaie, et finit de diffuser les ondes d’un état de choc global. À travers le traumatisme du 11-Septembre et sa médiatisation, certains déclarent vivre l’expérience de l’histoire pour la première fois. Comme si le récit s’écrivait au présent, sans véritable délai.
Dix ans après les attentats, le chantier de la tour One World Trade Center – le projet de reconstruction remporté par Studio Libeskind en 2003 – est toujours en cours. Les multiples négociations des différents acteurs impliqués dans une transaction immobilière particulièrement complexe ralentissent les travaux. La ville de New York peine à cicatriser.
Néanmoins sur le site de Ground Zero les ouvriers s’activent étage après étage. Le casque, élément caractéristique du travailleur, fait l’objet de multiples personnalisations : soutiens sportifs, protestations contre le projet de construction d’une mosquée, messages explicites à l’encontre des immigrés illégaux, et hommages aux victimes du 11-Septembre. À peine sortie du traumatisme des attentats et de la crise financière de 2008, les États-Unis restent sous tension. Le récit national est lui aussi en chantier.
When American newspapers published their headlines on September 11 and 12 of 2001, it was mainly an image of an explosion that was chosen to illustrate the attacks in New York. Above this photograph of Flight UA 175 crashing into the South Tower of the World Trade Center, the press headlines with a simple word: “Attacked”, “Devastation”, “Infamy”, or “‘Evil’”.
Undeniably, the entry of the United States into the 21st century is being made with brutality and pain. On television, the images of the attacks go round and round in a loop. The eminently visual tragedy of the attacks is repeated, stutters, and ends up broadcasting the waves of a global shock. Through the trauma of 9/11 and its media coverage, some people say they experience history for the first time. As if the story was being written in the present tense, without any real delay.
Ten years after the attacks, the construction site of the One World Trade Center Tower – the reconstruction project won by Studio Libeskind in 2003 – is still underway. The multiple negotiations of the different actors involved in a particularly complex real estate transaction are slowing down the work. The city of New York is struggling to heal.
Nevertheless, on the Ground Zero site, workers are busy floor after floor. The helmet, a characteristic element of the worker, is the object of multiple personalizations: sports support, protests against the construction project of a mosque, explicit messages against illegal immigrants, and tributes to the victims of 9/11. Barely out of the trauma of the attacks and the financial crisis of 2008, the United States remains under stress. The national narrative is also in the making.
2011